L'adolescence : une étape cruciale
L’adolescence est un « entre-deux », une phase de transition entre le monde de l’enfance et le monde des adultes. Cette période fait suite à la préadolescence qui se situerait selon certains auteurs entre 8 et 12 ans et débute à l’arrivée de la puberté. À partir de ce phénomène, l’adolescent va être confronté à toute une série de changements (physiologiques, hormonaux, morphologiques, émotionnels, cognitifs…), à des remaniements psychiques et à l’apparition de la sexualité génitalisée. De plus, il va devoir se définir dans son identité sexuée, en tant que jeune homme ou jeune femme. C’est une phase où s’élabore pour lui son identité propre qui sous-tend une remise en question des valeurs éducatives, des supports identificatoires et de sa place au sein de la famille.
L’adolescent est pris dans plusieurs paradoxes qu’il ne maîtrise pas : il a un fort besoin d’attachement, il a plus que jamais besoin de savoir si ses parents tiennent à lui. Il va régulièrement tester le lien pour voir s’il est suffisamment solide pour supporter ses nombreuses « attaques » et en même temps cette dépendance lui est intolérable. « Si on ne s’occupe pas de moi, je me sens abandonné et sans valeur, mais dès qu’on s’occupe trop de moi, je me sens envahi et sous l’emprise de l’autre ». Il a besoin de se séparer, de se détacher tant psychiquement que physiquement, de se différencier de ses parents pour se prouver à lui-même qu’il est capable de faire sans eux et qu’il peut devenir un jeune adulte responsable. Par ailleurs, il a un grand besoin de sécurité car tous les bouleversements internes qu’il traverse créent chez lui une profonde insécurité qui le perturbe et en même temps, il a besoin de s’autonomiser, de s’affirmer, il va alors tester les limites de ses parents mais aussi ses propres limites (allant parfois jusqu’à se mettre en danger) pour s’y confronter et les intégrer en lui.
Cette étape est cruciale pour l’adolescent mais elle peut, dans certaines situations, le fragiliser, le rendre plus vulnérable, lui faire perdre ses repères. Il va alors exprimer son mal-être par toute une série de symptômes qu’il est important de ne pas banaliser.
Quels sont les signes qui peuvent amener l’adolescent et /ou ses parents à consulter ?
- Un décrochage scolaire : l’école est souvent le premier endroit où se manifestent les symptômes du mal-être : chutes des résultats, manque de confiance en soi, peurs envahissantes, appréhension excessive face aux examens et /ou aux résultats…
- Des difficultés relationnelles (avec la famille, l’école, les amis) : un repli sur soi, un isolement, une difficulté à communiquer, une timidité excessive qui handicape le quotidien, une difficulté à affronter le regard de l’autre, un harcèlement scolaire…
- Un trouble du comportement alimentaire : anorexie, boulimie, hyperphagie…
- Des troubles du sommeil : insomnies à répétition, difficultés d’endormissement, cauchemars récurrents…
- Une utilisation excessive des écrans : téléphone portable, réseaux sociaux, jeux vidéo
- Un troubles anxieux : forte anxiété, crises d’angoisse, de panique, crises de spasmophilie, phobie envahissante, trouble de l’humeur, trouble obsessionnel compulsif, rituels, somatisations répétitives (avoir toujours mal quelque part…)
- Dépression : mal-être, tristesse qui perdure, perte de motivation, d’intérêts, manque d’estime de soi, absence de projets…
- Des conduites à risque : addiction, mise en danger, passage à l’acte, difficulté avec l’autorité, hyperactivité physique et / ou sportive…
- Un trouble de la personnalité : bouffées délirantes, troubles psychotiques, pathologies limites…
Un symptôme qui persiste doit toujours alerter les parents. C’est le signe que quelque chose ne va pas. Une consultation chez un professionnel peut s’avérer utile pour comprendre ce qui se cache derrière ses différents symptômes.
Comment se déroule une consultation dans mon cabinet ?
- La première consultation : généralement, je laisse le choix à l’adolescent de venir soit seul soit accompagné de ses deux parents ou de l’un des deux. Cependant, je garde toujours un temps pour le recevoir seul pendant la consultation. Celle-ci va être consacrée à la compréhension de ce pourquoi la famille et l’ado sont venus me rencontrer. Je pose quelques questions sur l’histoire personnelle du jeune, son cursus scolaire, son environnement familial, amical, l’histoire des symptômes … mais ce qui me semble primordial, c’est de laisser l’adolescent le plus possible se raconter. Il ne s’agit pas d’aborder les problèmes de front, qui peut être trop invasif pour lui mais de le laisser parler de ce qu’il a envie. Le temps de la consultation dure environ une heure. Puis, nous nous retrouvons avec les parents en fin de séance pour que je leur fasse part de mon analyse clinique et décider ensemble s’il y a lieu de poursuivre les entretiens. En effet, l’adolescent est libre de faire le choix de revenir ou non, il doit rester acteur dans cette démarche thérapeutique.
- Les consultations suivantes : elles peuvent être ponctuelles ou régulières. Dans ce 2e cas, la durée d’un travail thérapeutique est variable, cela peut aller de quelques séances à plusieurs mois. À partir de la 2e séance, l’adolescent est vu seul tout en sachant que je propose des rencontres régulières avec les parents soit individuellement soit ensemble pour faire le point sur le travail engagé. Il s’agit avant tout d’un travail de collaboration pour pouvoir aider au mieux le jeune. Celui-ci est libre de mettre un terme à la thérapie quand il le souhaite.
En quoi consiste le travail thérapeutique avec les adolescents :
- Avec l’adolescent : la première condition pour qu’un travail thérapeutique de qualité s’engage avec le jeune c’est l’instauration d’une alliance thérapeutique. En effet, pour que celui-ci puisse se raconter et évoquer ses souffrances, il doit avoir confiance en son thérapeute. C’est pourquoi, je veille tout particulièrement avec les adolescents, à respecter mon cadre déontologique qui consiste à lui assurer la confidentialité des entretiens, l’écoute bienveillante, le non jugement, le respect de sa parole… Ce temps peut être plus ou moins long en fonction de l’histoire du jeune, de son vécu familial, de ses expériences relationnelles…Au fil des séances, l’adolescent va pouvoir parler de lui, exprimer son mal-être, mettre des mots sur des ressentis, comprendre comment il fonctionne et pourquoi les symptômes ont pris tant de place dans sa vie. L’objectif est qu’il puisse exprimer son mal-être autrement que par le corps mais d’une façon plus secondarisée, c’est-à-dire en élaborant sur son histoire pour ne plus la subir.
- Avec les parents : le travail thérapeutique va consister à les aider à décoder ce qui se passe pour leur enfant, à comprendre comment il fonctionne, ce qu’il cherche à exprimer à travers ses symptômes, à les soutenir dans leur fonction parentale, les accompagner dans leur réflexion autour de leur enfant.